Les vêtements qui nous soutiennent, de l'amour-à-porter
- aranelcreations
- il y a 2 jours
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Quand j'ai pensé à ce titre d'article, j'ai aussi pensé "vêtements thérapeutiques".
Je crois que ce que j'ai pu vivre récemment et mes expériences dans le domaine du vêtement sur mesures ont pu m'amener ici.
Récemment je me demandais comment je pouvais apporter quelque chose de plus au monde que juste mes talents de couturière ou de créative, quelque chose qui parte vraiment de moi, de mon expérience perso aussi. J'ai envie que ça aille plus loin.
Il y a quelques semaines, j'ai dut mettre fin à la vie d'un être que j'aimais profondément : ma Gomette. Cela m'a anéantie.
Ce qui m'a beaucoup réconfortée, c'est de pouvoir porter des vêtements que je m'étais faits et dans lesquels je me sentais bien. J'ai ressenti en plus beaucoup de satisfaction à savoir que j'avais mis mes talents à contribution pour répondre à un tel besoin de douceur pour moi-même. Ces vêtements sont simples, on pourrait même penser que, si l'on projette des idées mentales à propos de ma créativité, ce n'est pas moi qui les ai faits, que je suis allée les acheter. Mais égo mis de côté, on s'en fout que ce ne soit pas une création "wouaouh!" car ils répondent à un besoin spécifique personnel, intime et, de ce fait, ils font pleinement le job.
J'avais réalisé ces vêtements dans des couleurs, matières et formes qui me faisaient me sentir moi, confortable, me suivaient dans mes mouvements sans m'entraver, me gratter,... tout en me sentant féminine, sexy (disons-le franchement ^^), sans savoir à quel point ils allaient aussi me soutenir dans cette épreuve douloureuse. J'ai beaucoup pleuré dedans.
J'ai réalisé le gilet que je porte sur la photo ci-dessus alors que mon homme venait d'être hospitalisé en urgence pour un AVC début mai (oui, période intense émotionnellement pour moi, mais lui va bien aujourd'hui, il a eu la chance de s'en sortir). J'ai confectionné ce gilet avec cette intention de me soutenir. Il est réalisé dans un molleton coton/polyester qui est tout doux à l'intérieur (je choisis souvent des matières toute douce à l'intérieur ^^).
J'ai aussi réalisé le legging rose pour lequel j'ai choisi un jersey de bambou (de la viscose). Je l'ai achetée dans différents coloris. Je chéris cette matière pour l'effet caresse qu'elle me procure. Je ne les fais jamais trop serrés, j'aime que ça suive mes formes sans me sentir engoncée.
Ces derniers temps et malgré les circonstances, je retrouvais aussi le goût de me maquiller. Et hier pour faire les courses, j'ai porté ce legging avec un sweat rouge (que je me suis également fait)... et des escarpins rouges. J'ai mis du rouge à lèvres... rouge. Je suis sortie comme ça et me suis sentie en confiance. Ça m'a fait du bien d'être un peu pomponnée, de m'être apporté du soin.
On pourrait se dire que les vêtements et le maquillage c'est quelque chose de superficiel, que de toutes façons il faut s'habiller alors peu importe ce qu'on porte, on peut s'acheter des tas d'habits de manière consumériste, déconnecté.e de ses besoins.
Dans ce cas on mange aussi pour manger et on se remplit de merde à tous les niveaux. Là-dessus j'avoue, je peux être tentée de juger, même si je devine que tout le monde n'a pas mon niveau d'écoute ou les moyens de s'offrir de la qualité. Mais on mérite plus d'amour que ça. Tout le monde mérite de l'amour. Et - malheureusement pour ceux qui attendent tout des autres, notamment de leur conjoint en général - la seule personne capable de ressentir nos besoins et d'y répondre avec justesse et autant d'amour que possible, c'est nous-même. Il n'y a pas de secret. L'autre ne peut pas tout deviner. Et même quand il devine, ce ne sera jamais assez.
Les amérindiens et notamment la tribu des Algonquins, dont j'ai pu rencontrer un chef, n'a cessé de nous répéter "donne-toi tout à toi d'abord", car sans prendre soin de soi, comment peut-on donner aux autres? Sans s'écouter soi, s'apporter ce dont on a besoin, comment donner aux autres? On donne du vide, du stérile. Il faut nourrir le terreau pour le fertiliser et voir éclore en nous ce qu'on peut apporter de meilleur : notre singularité.
Et, de mon point de vue, porter des vêtements qui nous soutiennent fait partie de cette nourriture sacrée que l'on se donne. Nous devenons alors des hommes et femmes-médecine pour nous-mêmes.
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